Pourquoi adapter l’alimentation de son chien à son âge et à sa race ?
A l’instar de l’humain, le chien évolue tout au long de sa vie et ses besoins changent. Sa race influe aussi sur son métabolisme, son activité et sa prédisposition à certains troubles. Par exemple :
- Un chiot doit développer muscles, os et système immunitaire.
- Un senior doit préserver ses organes, contrôler son poids et sa mobilité.
- Un chien de grande race est plus exposé aux troubles articulaires et leur croissance demande plus de précaution.
- Un chien de petite race a souvent besoin de plus d’énergie au kilo que les plus gros chiens.
Adapter sa ration, c’est accompagner chaque étape de sa vie canine, tout en limitant les risques de carences, surpoids, et autres maladies.
Les grands principes de la nutrition canine
Les besoins nutritionnels du chien se fondent sur cinq catégories
- Protéines – pour la croissance, la réparation tissulaire et la force musculaire.
- Lipides – pour l’énergie, la santé de la peau et du pelage.
- Glucides – source d’énergie mais non indispensables (AFSSA*).
- Vitamines – essentielles au métabolisme, à l’immunité et à la croissance.
- Minéraux – pour les os, les dents, le cœur et la gestion hydrique.
La répartition de ces macronutriments varie avec le stade de vie et la morphologie du chien (Source : Rapport AFSSA - Nutrition canine).
Chiot : départ en fanfare, attention à l’équilibre
Les chiots connaissent une croissance rapide et nécessitent une alimentation enrichie en nutriments spécifiques :
| Type de nutriment |
Chiens de petite à moyenne taille |
Chiens de grande race |
| Protéines |
22-32% de la ration sèche |
22-26% de la ration sèche (croissance + lente à préserver) |
| Lipides |
8-20% |
8-14% |
| Minéraux (Ca/P) |
Rapport Ca/P 1:1 à 2:1 |
Rapport strict 1,1:1 à 1,3:1 pour éviter les troubles osseux |
| Vitamines A, D, E |
Valeurs conformes NRC |
Valeurs conformes, attention à ne pas surdoser |
Un excès calorique ou de minéraux peut entraîner des dysplasies articulaires, surtout chez les grandes races (Source : CRC Handbook of Veterinary Science, NRC).
- Les croquettes « junior » sont formulées pour ces besoins accrus.
- Astuces : diviser la ration quotidienne en 3 à 4 repas jusqu’à 6 mois évite les pics de glycémie et facilite la digestion.
Adulte : ajuster à l’activité, la race et le mode de vie
Pour le chien adulte, l’équilibre est de mise. Les besoins varient davantage selon la race, l’état physiologique et l’activité :
- Chiens actifs ou sportifs : besoins énergétiques jusqu'à 2 fois plus élevés que la moyenne (Source : FEDIAF Nutritional Guidelines 2021), digestibilité et apport protéique spécifiques.
- Chiens de compagnie : alimentation plus modérée, avec attention portée à la gestion du poids.
- Chiennes en gestation/lactation : besoins tout à fait spécifiques avec une ration plus riche (protéines, calcium, énergie).
De façon générale, un chien adulte a besoin :
- De 18 à 25% de protéines dans la ration sèche
- De 8 à 15% de lipides (adapté à la dépense énergétique)
- D’un complément en fibres solubles (contrôle du poids, transit)
La taille et la race jouent aussi :
- Petits chiens : métabolisme de base plus élevé, croquettes adaptées à leur petite mâchoire et richesses en énergie plus importante, attention à la gestion du tartre.
- Grandes races : digestion plus lente, besoins énergétiques au kilo plus faibles mais plus grande attention à l’apport en chondroprotecteurs (glucosamine, chondroïtine) pour les articulations.
Tableau comparatif : besoins nutritionnels moyens selon la taille
| Taille |
Calories/jour (pour 10 kg) |
Spécificités |
| Petite race |
400 à 470 kcal |
Rations fractionnées recommandées, densité énergétique élevée |
| Moyenne race |
370 à 410 kcal |
Surveiller prise pondérale, croquettes adaptées à la mâchoire |
| Grande race |
310 à 350 kcal |
Favoriser apport articulaire, éviter surpoids |
Senior : comment bien vieillir grâce à la nutrition
Le vieillissement implique un ralentissement du métabolisme, une baisse de l’activité physique et, parfois, l’apparition de pathologies (insuffisance rénale, maladies cardiaques, douleurs articulaires…).
- Moins de calories pour éviter la prise de poids (30% de besoins énergétiques en moins en moyenne à partir de 7-8 ans selon race - Source : Petfood Industry Magazine).
- Poursuite d’un apport en protéines de qualité (≥20%) pour préserver la masse musculaire.
- Moins de phosphore si des troubles rénaux sont avérés (croquettes « rénal »).
- Suppléments en antioxydants (vit. E, C, sélénium) : ralentissent le vieillissement cellulaire.
- Fibres solubles (pulpe de betterave, psyllium) pour aider au transit.
Diverses études montrent que près de 65% des chiens âgés souffrent d’arthrose. Les formules pour seniors sont enrichies en acides gras oméga-3, chondroprotecteurs, et leur diamètre est adapté à des mâchoires parfois moins robustes.
Cas particuliers et idées reçues
Race & pathologies : l’importance des besoins spécifiques
- Les Shih Tzu sont sujets au tartre, d’où l’intérêt de croquettes adaptées.
- Le Labrador Retriever a tendance à l’embonpoint, prudence sur les glucides et la taille des portions.
- Le Berger Allemand a un tube digestif fragile, mieux vaut des protéines hautement digestibles et des prébiotiques.
- Les Bouledogues souffrent souvent de flatulences et d’intolérances ; adopter des recettes hypoallergéniques ou riches en fibres est alors conseillé.
Les chiens stérilisés, quelle que soit leur race, nécessitent une baisse de la densité énergétique de la ration (diminution de 10 à 20% en général selon la FEDIAF).
Opter pour des alternatives : alimentation ménagère ou BARF ?
Certains propriétaires souhaitent préparer eux-mêmes les repas de leur chien. L’alimentation ménagère ou le régime BARF (chiens nourris avec des aliments crus) peuvent répondre aux besoins, mais sous réserve :
- Une supervision vétérinaire s’impose pour éviter les carences fréquentes, notamment en calcium, vitamines D, E, zinc...
- Moins de 20% des rations ménagères distribuées en France sont considérées comme réellement équilibrées (Source : Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie, AFVAC).
Conseils pratiques pour bien nourrir son chien au quotidien
- L’eau fraîche doit toujours être à disposition. Un chien boit en moyenne 50 à 70 ml/kg/jour, plus en cas d’alimentation sèche.
- Éviter les changements brutaux de régime alimentaire sous peine de troubles digestifs : la transition doit se faire sur une semaine, en augmentant progressivement la proportion du nouvel aliment.
- Adapter la quantité servie à la condition corporelle : observer les côtes, la taille (abdos dessinés) et ajuster selon l’évolution du poids.
- Fractionner les repas : surtout pour les grandes races sensibles au syndrome de dilatation-torsion de l’estomac (GDV).
- Consulter régulièrement son vétérinaire pour faire le point sur l’état de santé et ajuster l’alimentation.
Pour aller plus loin : mieux comprendre, mieux choisir
L’alimentation canine, savamment adaptée, contribue à la longévité et à la qualité de vie du compagnon à chaque étape de son existence. Les rations industrielles de qualité, validées par des critères de digestibilité et de sécurité alimentaire, demeurent les plus simples à équilibrer pour la majorité des familles. Mais l’écoute attentive et l’observation quotidienne du chien – son poil, sa forme, son enthousiasme à l’heure du repas – restent des piliers d’une nutrition réussie.
En s’informant, en s’adaptant et en collaborant avec les professionnels de santé animale, chacun peut offrir à son chien une alimentation vraiment sur-mesure, respectueuse de ses besoins réels, de son âge et de son identité raciale.
Sources principales : AFSSA, FEDIAF, NRC, Petfood Industry Magazine, AFVAC.