Définition du régime BARF : des origines aux principes
Le régime BARF (Biologically Appropriate Raw Food/ Bones And Raw Food), littéralement « Nourriture crue biologiquement appropriée/ Os et nourriture crue », désigne une alimentation basée principalement sur des ingrédients crus et naturels. Cette approche s’inspire de l’alimentation ancestrale des chiens primitifs et des chats sauvages, qui consommaient principalement de la viande fraîche, des abats, des os charnus, et divers végétaux présents dans leur environnement.
Conçue par le vétérinaire australien Ian Billinghurst dans les années 1990, la philosophie BARF vise à proposer aux animaux domestiques une nourriture plus proche de leur physiologie originelle que la majorité des croquettes industrielles. Selon le vétérinaire, une telle alimentation contribuerait à la santé digestive, dentaire, immunitaire et au bien-être général des animaux de compagnie (BARF World).
Que contient une ration BARF ? Composition et proportions types
- Viande musculaire crue (généralement du bœuf, du poulet, de la dinde, de l’agneau, du lapin...)
- Os charnus crus (ailes ou cous de poulet, carcasse de canard, dos de lapin... jamais cuits, pour éviter les fragments tranchants)
- Abats crus (foie, cœur, rognons, etc., riches en vitamines et minéraux essentiels)
- Légumes et fruits frais (carottes, courgettes, pommes, myrtilles... finement mixés, pour en faciliter la digestion chez le chien ; les chats étant, eux, strictement carnivores, cette part est limitée voire absente)
- Huiles essentielles (huile de poisson, huile de lin), pour les acides gras essentiels
- Suppléments adaptés (selon les besoins : œufs, yaourt nature, levure de bière, algues marines…)
En pratique, une ration type pour chien adulte en BARF se compose à environ 60 à 80 % de viande et os charnus, 10 à 20 % d’abats, 5 à 10 % de légumes, quelques fruits, plus les compléments. Pour le chat, 90 à 95 % de la ration est constituée de viande/abats/os, la part végétale étant strictement symbolique ou absente. Attention, la variété est clé : alterner les sources de protéines et d’abats réduit les risques de carences.
*Sources : Pet Food Institute, Société Suisse de Nutrition des Animaux de Compagnie
Pourquoi le BARF séduit de plus en plus de propriétaires ?
Depuis les années 2000, le BARF suscite un engouement croissant auprès des propriétaires désireux d’offrir à leur compagnon une alimentation perçue comme plus saine. On estime aujourd’hui que près de 5 % des maîtres de chiens nourrissent tout ou partie de leur animal au BARF, une progression continue depuis 2016 (FEDIAF).
- Transparence sur la composition : le maître contrôle la qualité et l’origine des ingrédients, éliminant additifs, colorants, exhausteurs, sous-produits peu valorisants.
- Moins d’allergènes potentiels : le BARF permet d'exclure céréales, gluten et composants industriels mis en cause dans certaines intolérances ou allergies.
- Qualité digestible : la part importante de protéine fraîche est souvent mieux assimilée par de nombreux chiens, même sensibles.
- Vitalité améliorée : de nombreux témoignages (voire études, quoique peu nombreuses à l’échelle scientifique) font état d’un pelage plus brillant, d’une haleine atténuée, d’un meilleur tonus et de selles moins volumineuses (étude publiée dans MDPI).
Néanmoins, le régime BARF doit être élaboré de façon très réfléchie : l’équilibre nutritionnel n’est pas inné, chaque ingrédient remplit une fonction bien précise.
Les enjeux nutritionnels : équilibre et risques de carences
Adopter le BARF ne s’improvise pas. Contrairement aux croquettes et pâtées, soumises légalement à une obligation d’équilibre nutritionnel (notamment sur les vitamines, minéraux, acides aminés, présence de taurine chez le chat…), le BARF exige une connaissance précise des besoins physiologiques du chien ou du chat.
Les principaux risques d’un régime mal équilibré sont :
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Déséquilibres en calcium/phosphore : un taux inadapté peut provoquer des troubles osseux surtout chez les chiots/chatons en croissance (NCBI – revue scientifique).
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Carence en vitamines et oligo-éléments : certaines vitamines (comme D et E), mais aussi l’iode ou le zinc, sont essentiels et rarement couverts naturellement sans complément adapté.
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Manque d’acides aminés essentiels : en particulier la taurine pour les chats ; une absence peut entraîner à terme des troubles cardiaques ou oculaires.
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Risque de contamination bactérienne : (salmonellose, campylobacter, parasites...), aussi bien pour l’animal que pour l’humain en contact avec des viandes crues (AFSCA).
D’après des analyses de l’EFSA, plus de 20 % des aliments crus pourraient contenir des pathogènes transmissibles. Il faut donc manipuler, conserver et servir les rations BARF avec une hygiène stricte.
Le BARF est-il adapté à tous les chiens et chats ?
Le BARF convient généralement à la majorité des chiens adultes en bonne santé, mais demande certaines précautions chez :
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Animaux âgés ou immunodéprimés : leur système digestif ou immunitaire plus fragile justifie une vigilance accrue.
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Chiots et chatons en croissance : leurs besoins nutritionnels sont très spécifiques ; une erreur expose aux troubles musculosquelettiques irréversibles (Waltham Petcare).
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Femelles gestantes/allaitantes : elles nécessitent une adaptation des rations en densité énergétique, minéraux, vitamines.
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Animaux souffrant de pathologies rénales/hépatiques/sensibles à la pancréatite : la forte teneur en protéines/cru ne sera pas toujours recommandée (cf. Veterinary Practice News).
Un passage progressif, planifié et, idéalement, validé par un vétérinaire nutritionniste, limite les complications.
Comment passer au BARF ? Conseils pour une transition réussie
Changer l’alimentation d’un chien ou d’un chat ne doit jamais se faire brutalement. Le système digestif des animaux, habitué à tel ou tel aliment industriel, peut être sensible face à une nouvelle ration crue.
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Lancer la transition doucement : introduire progressivement une petite portion de viande crue (au début juste un ingrédient simple, bien toléré, exemple : blanc de poulet), en remplaçant peu à peu une part de l’aliment habituel.
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Alterner les sources de protéines : chaque semaine, intégrer une nouvelle viande pour réduire les risques d’intolérance ou d’ennui alimentaire.
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Tester les abats et os en quantité croissante : les abats sont riches mais peuvent provoquer des troubles digestifs chez certains s’ils sont introduits trop rapidement.
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Intégrer les légumes/fruits: très mixés et en petite quantité, s’ils sont bien tolérés (surtout chez le chien).
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Veiller à l’hygiène : manipulation, découpe, conservation, vaisselle… Toutes les surfaces et ustensiles doivent être impeccablement propres, idéale conservation en congélateur, décongélation au réfrigérateur.
Il existe également des rations BARF toutes prêtes (surgelées ou lyophilisées), proposées par des marques spécialisées, permettant de sécuriser l’équilibre nutritionnel tout en conservant le principe du cru (exemples : EasyBarf, Barf Menu…).
BARF VS ration industrielle : quels avantages, quels inconvénients ?
| Critères |
BARF |
Croquettes/Pâtées industrielles |
| Contrôle des ingrédients |
Maximum (choix, origine, qualité) |
Minimal (liste des composants seulement) |
| Risque de contamination |
Potentiel élevé (bactéries/parasites) |
Minime (cuisson haute température) |
| Équilibre nutritionnel |
À surveiller, calcul précis nécessaire |
Normes légales respectées |
| Temps de préparation |
Élevé (découpe, pesée, stockage) |
Pratique, prêt à servir |
| Coût |
Variable, souvent 2-4€/jour pour un chien moyen |
De 0,50 à 1,50€/jour en moyenne |
| Adaptation aux besoins particuliers |
Sur-mesure possible |
Spécifique selon gamme choisie |
L’alimentation industrielle, bien formulée, reste adaptée à la majorité des animaux domestiques, notamment en termes de sécurité, d’équilibre et de facilité d’utilisation. Le BARF répond à un vrai désir de naturel et de personnalisation, au prix de temps, de connaissances et d’une vigilance quotidienne.
Ce qu’il faut retenir avant de se lancer
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Le régime BARF privilégie le naturel, la variété et la valorisation des besoins carnivores essentiels du chien et du chat — à condition de respecter la rigueur de la formulation.
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Pour éviter les erreurs, faire appel à un vétérinaire spécialisé ou un nutritionniste animalier est toujours prudent. Il est aussi important d’ajuster les rations selon l’âge, l’état de santé, l’énergie, le mode de vie de l’animal.
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Aucune solution n’est parfaite ni universelle : chaque animal est unique, il convient d’observer, d’adapter et de vérifier régulièrement l’état général, le poids, le poil, la vitalité et les selles.
Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, des ressources fiables sont disponibles : CERIC France, WSAVA (World Small Animal Veterinary Association), ou encore les groupes de propriétaires encadrés par des professionnels. Le bien-être et la santé de l’animal restent la priorité absolue, que l’alimentation soit crue, cuite ou mixte.