Adopter le BARF en toute sécurité : Les bonnes pratiques sanitaires à connaître

Pourquoi le BARF n’est pas un régime comme les autres

Le principe du BARF repose sur la distribution quotidienne de viandes crues, abats, os charnus, légumes et parfois compléments. Cette pratique diffère profondément des croquettes industrielles, dont les processus de cuisson et de stérilisation éliminent la quasi-totalité des agents pathogènes.

Or, la viande crue peut porter des bactéries dangereuses – pour l’animal comme pour l’humain – telles que Salmonella spp., Escherichia coli, Listeria monocytogenes, Campylobacter ou certains parasites (Toxoplasma gondii, trichine). L'ANSES a souligné, dans un avis de 2019, une prévalence bactérienne significativement supérieure dans les rations crues par rapport aux croquettes ou pâtées industrielles (source : ANSES).

Quels sont les risques sanitaires liés au BARF ?

  • Pour les animaux : gastro-entérites, intoxications, infections parasitaires
  • Pour les humains : zoonoses transmises par contact avec des agents pathogènes (notamment pour les enfants, personnes âgées, immunodéprimées)

Quelques chiffres marquants :

  • Une étude publiée dans le Journal of Veterinary Internal Medicine (2020) a révélé que 23 % des viandes crues destinées aux chiens en Grande-Bretagne étaient contaminées par Salmonella.
  • Le European Centre for Disease Prevention and Control signale que jusqu’à 56 % des rations BARF testées en Europe contiennent des bactéries résistantes aux antibiotiques ().

Les précautions d’hygiène de base indispensables

Pour éviter la contamination, quelques règles d’or s’imposent :

  • Se laver soigneusement les mains avant et après manipulation de la viande crue et des ustensiles.
  • Désinfecter plan de travail, éviers, planches à découper, couteaux et autres ustensiles avec un produit adapté.
  • Réserver un matériel spécifique au BARF (planche, couteau…) et ne pas l’utiliser pour la préparation des repas humains.
  • Respecter la chaîne du froid : conserver la viande à -18°C ou moins, la décongeler au réfrigérateur, ne jamais recongeler une viande crue déjà décongelée.
  • Nettoyer régulièrement la gamelle (idéalement à chaque ration) à l’eau chaude savonneuse ou au lave-vaisselle (température ≥ 60°C).
  • Éviter que l’animal monte sur les surfaces de préparation ou lèche ustensiles/vaisselle non lavés.

Quel choix de viande pour limiter les risques ?

Toutes les viandes ne présentent pas le même niveau de risque. Respecter les critères suivants permet de limiter la prolifération d’agents pathogènes :

  • Préférer des viandes estampillées pour la consommation humaine (label “carcasse propre à la consommation”).
  • Limiter les viandes de porc crues (risques de maladie d’Aujeszky ou trichinose – voir recommandations ANSES).
  • S’assurer de la fraîcheur des abats et de leur provenance (éviter produits “tournants” ou d’élevages non contrôlés).
  • Éviter d’acheter des viandes hachées à l’avance (plus grande surface d’exposition aux bactéries, multiplication rapide à température ambiante).

Comment gérer les parasites dans le BARF ?

Certains parasites potentiellement dangereux (Toxoplasma gondii pour le chat mais aussi zoonose chez l’homme, Dipylidium caninum, trichine, etc.) peuvent traverser la chaîne alimentaire animale. Pour les éliminer :

  • La congélation à -20°C durant 3 à 7 jours ininterrompus permet d’inactiver la plupart des parasites (notamment en cas de viande de gibier ou viande de porc, selon les recommandations de la Direction Générale de l’Alimentation).
  • Vérifier la provenance (éviter viandes de chasse non inspectées ; favoriser fournisseurs reconnus).
  • Vermifuger son animal à une fréquence adaptée au mode de vie et au régime alimentaire (1 fois tous les 2-3 mois pour un chien nourri au cru selon la ESCCAP).

Environnement et sécurité familiale

Nourrir un animal au BARF implique une vigilance particulière lorsque des enfants ou des personnes immunodéprimées vivent au foyer :

  • Ne jamais laisser les enfants manipuler la viande crue ou des gamelles non lavées.
  • Aérer les pièces pendant la préparation et nettoyer rapidement les projections éventuelles.
  • Empêcher la léchouille sur le visage par l’animal juste après son repas (bactéries sur la gueule).
  • Éduquer au lavage des mains après avoir caressé un chien ou chat juste nourri au cru.

À noter : Selon une publication de l’Université de Tufts (États-Unis), la majorité des intoxications humaines par Salmonella liées au BARF concernent des enfants de moins de 5 ans et des personnes âgées ou affaiblies (Tufts University).

Focus sur la conservation et la distribution des aliments crus

  • Ne pas laisser la viande crue plus de 20 minutes à température ambiante après distribution dans la gamelle. En été, cette durée tombe à 10 minutes.
  • Ne jamais laisser l’animal cacher ou conserver une ration crue pour la “manger plus tard”.
  • Surveiller l’apparition de toute odeur suspecte, couleur anormale ou texture collante de la viande (signe de prolifération bactérienne).

La décongélation doit impérativement se faire au réfrigérateur (jamais à température ambiante ou sous l’eau chaude), pour éviter la multiplication rapide des bactéries.

Des fournisseurs spécialisés… mais pas toujours sans danger

Depuis quelques années, une offre de boutiques en ligne et d’entreprises de livraison dédiées au BARF s’est développée. Nombre de ces acteurs s’engagent sur la sécurité sanitaire (chaîne du froid, traçabilité), mais des contrôles menés par la DGCCRF ont relevé que 18 % des échantillons de nourritures crues du commerce présentent un dépassement des seuils bactériologiques autorisés (rapport 2021).

Vigilance donc lors du choix du fournisseur :

  • Vérifier la transparence sur la provenance et les méthodes de stockage.
  • Demander régulièrement à voir les certificats vétérinaires en cas de doute ou lors d’achats de lots importants.

Quand faut-il consulter un vétérinaire ?

L’alimentation crue impose une surveillance accrue de la santé de l’animal. Signes devant alerter :

  • Diarrhées récurrentes ou inexpliquées
  • Vomissements fréquents, baisse de forme, refus de s’alimenter
  • Présence de vers visibles dans les selles ou démangeaisons anales

Le suivi régulier chez le vétérinaire permet d’adapter la ration, de conseiller sur l'équilibre alimentaire et de dépister précocement toute infection parasitaire ou bactérienne.

Points-clés à retenir pour un BARF plus sûr

  • L’hygiène (main, matériel, cuisine) est la première barrière contre les infections.
  • La qualité et la fraîcheur de la viande font une différence majeure sur les risques sanitaires.
  • La réactivité face aux comportements ou symptômes inhabituels limite les complications.
  • Enfin, il est raisonnable d’éviter le BARF lorsque la maisonnée comprend des personnes à risque (très petits enfants, immunodéprimés), en concertation avec un vétérinaire.

Adopté avec rigueur, le BARF peut s’intégrer positivement à la vie de nombreux chiens et chats ; mais cette pratique reste indissociable d’une vigilance sanitaire au quotidien et d’un dialogue régulier avec des professionnels de la santé animale. Pour des informations plus approfondies, consulter les recommandations officielles de l’ANSES et de l’ESCCAP.