Température de la pâtée : un vrai enjeu pour le plaisir et la santé de nos animaux ?

Le goût et les odeurs : la température, facteur clé pour l’appétence

Les chiens comme les chats disposent d’un odorat nettement plus développé que le nôtre : pour eux, le plaisir gustatif d’un plat passe avant tout par l’odorat. Or, il est bien établi que la température joue un rôle dans la diffusion des arômes.

  • Chats : D’après l’INRAE et le Laboratoire Nestlé Purina, un chat repère beaucoup mieux les odeurs vers 30 à 38°C, la plage de température de leur proie fraîchement chassée (source Purina / INRAE).
  • Chiens : Leur seuil de détection olfactive grimpe à haute température, favorisant la reconnaissance et l’attrait des aliments tièdes (données Royal Canin).
  • À température froide (sortie du frigo) : Les arômes sont moins volatils, souvent perçus comme plus fades.

C’est pourquoi beaucoup d’animaux, spécialement les chats, dédaignent une pâtée froide. Réchauffer légèrement leur repas réveille l’appétit, surtout chez un animal vieillissant ou convalescent.

L’aspect nutritionnel : réchauffer sans altérer la qualité

Réchauffer la pâtée stimule les sens, mais la manière de le faire importe pour ne pas nuire à la nutrition. Voici les données essentielles à retenir :

  • Ne jamais surchauffer : Au-delà de 45°C, certaines vitamines (dont les vitamines B et C) perdent en efficacité (ANSES).
  • Micro-ondes : attention ! Un réchauffage irrégulier crée des “points chauds”, pouvant brûler la langue ou le palais de l’animal.
  • Cuisson et nutriments : Répéter la chauffe altère le goût et la texture, et réduit la quantité de micronutriments bénéfiques. Une étude de Texas Tech University montre que la réchauffe répétée fait baisser le taux de taurine dans les aliments humides pour chats.

La bonne pratique consiste donc à sortir la pâtée du réfrigérateur 30 minutes avant de servir, ou d’utiliser un bain-marie – une montée en température douce (jamais au-delà de 37-40°C). Le fait de mélanger après chauffage limite aussi les risques de zones trop chaudes (source : The Spruce Pets).

Bienfaits du réchauffage dans des situations particulières

Certaines situations rendent le réchauffage vivement recommandé, voire essentiel :

  1. Convalescence : Après une opération ou une maladie, la perte d’appétit est commune. La pâtée tiède stimule les papilles et facilite la reprise alimentaire, comme le souligne l’Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC).
  2. Animaux âgés : Le vieillissement s’accompagne d'une baisse de sensibilité olfactive. Un repas tiède favorise l’envie de manger et la digestion.
  3. Chiots et chatons : Leur température corporelle instable nécessite parfois une alimentation moins froide, surtout lors des premières semaines. D’où les préconisations d’éleveurs de réchauffer la pâtée dès qu’elle a été conservée au frais.

A l’inverse, un animal jeune et en parfaite santé tolère aisément la nourriture à température ambiante, mais il faudra surveiller sa préférence individuelle.

Existe-t-il des dangers à donner de la pâtée chauffée ?

Si la température dépasse celle du corps (38-40°C), gare aux blessures ! Certaines précautions sont indispensables :

  • Brûlures buccales : Les animaux testent rarement la température comme les humains. Une boulette trop chaude risque de brûler langue, gencive et palais.
  • L’altération des graisses : Les lipides s’oxydent rapidement à chaleur élevée, libérant des saveurs amères, voire des résidus potentiellement irritants (source : Journal of Animal Science, 2016).
  • Prolifération bactérienne : Une pâtée maintenue tiède trop longtemps favorise la multiplication des bactéries : une gamelle restée à plus de 20°C plus de deux heures peut tripler la charge bactérienne, selon un rapport ANSES 2022.

Pour écarter tout risque, il est conseillé de jeter ce qui n’a pas été consommé dans l’heure après réchauffage, et de veiller à une hygiène rigoureuse des contenants.

Réchauffer ou non : les préférences individuelles comptent

Il ne faut pas sous-estimer le facteur individuel. D’après une enquête menée par Hill’s Pet Nutrition auprès de 1000 propriétaires de chats en France (2019), près de 60 % des chats préfèrent la pâtée tiédie, contre seulement 15 % qui manifestent de l’intérêt pour l’aliment froid.

Chez les chiens, la variabilité est plus grande. Des races nordiques comme le husky mangent plus volontiers frais, tandis que certaines petites races à museau court, comme le carlin ou le shih-tzu, sont particulièrement sensibles à la température.

  • Pourquoi cette variété ? Chaque chien et chaque chat développe des préférences, selon ses expériences, son mode de vie ou la génétique. On observe par exemple que les chats vivant en intérieur expriment une nette préférence pour la nourriture “à la température du corps”. (Étude de l’Université de Glasgow, 2018)

Questions fréquentes sur la température des aliments humides

1. Peut-on donner la pâtée directement sortie du réfrigérateur ?

Cela n’est pas déconseillé pour la santé, MAIS une température trop froide est généralement peu appétant et peut entraîner des troubles digestifs transitoires chez les animaux les plus sensibles (particulièrement les petits chiens et les chats âgés).

2. Réchauffer une pâtée dans son emballage est-il sans danger ?

Il vaut mieux éviter tout contact direct du plastique ou de l’aluminium avec une source de chaleur : des composés toxiques peuvent migrer dans l’aliment à haute température. Privilégier le transfert dans une gamelle en céramique ou en inox.

3. Peut-on préparer et réchauffer à l’avance ?

Oui, à condition de n’effectuer qu’un seul réchauffage par portion. Les aliments humides supportent mal les réchauffes multiples qui favorisent l’oxydation et la prolifération bactérienne.

Petits conseils pratiques pour allier plaisir et sécurité

  • Sortir la pâtée du réfrigérateur une demi-heure avant de servir.
  • Pour accélérer, placer la portion dans un plat et plonger celui-ci dans de l’eau tiède (bain-marie) quelques minutes.
  • Mélanger systématiquement la pâtée après chauffage pour uniformiser la température.
  • Tester la température avec le bout du doigt (doit être tiède, jamais chaud).
  • Retirer la gamelle si elle n’a pas été consommée dans l’heure, surtout en été.
  • Ne jamais forcer un animal à manger froid ou chaud : observer ses réactions et adapter la température à ses préférences réelles.

Pourquoi la température n’est pas le seul critère du bien-être à l’heure du repas

Plus que la température, c’est la qualité de l’aliment, son apport nutritionnel et l’environnement du repas qui influent sur le bien-être global de l’animal. Un moment calme, une gamelle propre, et surtout une écoute attentive des signaux envoyés par le chien ou le chat sont autant de gages d’une alimentation équilibrée et d’un plaisir partagé.

Finalement, la vraie question n’est pas tant “faut-il réchauffer la pâtée ?”, mais “mon animal en a-t-il besoin ou envie ?”. Observer, tester et ajuster la température en douceur est la clé d’une relation sereine avec l’alimentation et d’une cohabitation harmonieuse.

Pour approfondir, n’hésitez pas à échanger avec votre vétérinaire, qui pourra ajuster ces conseils en fonction de l’âge, du mode de vie et des sensibles de votre compagnon (notamment en cas de problèmes dentaires, digestifs ou d’appétit capricieux).