Comprendre les besoins des animaux stérilisés
La stérilisation apporte de nombreux bénéfices pour la santé et la cohabitation avec un animal. Mais elle modifie aussi en profondeur les besoins nutritionnels des chats et des chiens. Suite à l’opération, les dépenses énergétiques diminuent souvent de 20 à 30% (source : ICAD) tandis que l’appétit peut augmenter. Ce double effet explique pourquoi les chats et chiens stérilisés sont deux à trois fois plus exposés au risque de surpoids ou d’obésité, d’après l’Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC).
Les raisons sont à la fois hormonales (la baisse des hormones sexuelles agit sur la régulation de la faim et le métabolisme) et comportementales : chez le chat notamment, la stérilisation encourage une vie plus sédentaire.
Dès lors, le choix de l’alimentation – et en particulier de la pâtée – doit répondre à ces enjeux :
- Limiter l’apport calorique tout en conservant une ration satisfaisante (pour éviter la frustration et les comportements liés à la faim persistante).
- Préserver une masse musculaire de qualité grâce aux protéines.
- Favoriser une bonne hydratation, essentielle chez le chat stérilisé en raison du risque plus élevé de troubles urinaires.
- Soutenir la santé urinaire et rénale.
L’intérêt spécifique de la pâtée pour un animal stérilisé
Si les croquettes sont longtemps restées la norme, la pâtée s’impose de plus en plus, surtout pour les chats mais aussi pour certains chiens à risque de surpoids ou ayant des antécédents urinaires. Les raisons sont claires :
- Richesse en eau : la teneur en eau de la pâtée (75-80%) favorise une bonne miction, diminue la concentration urinaire et réduit le risque de formation de calculs, un problème fréquent chez l’animal stérilisé (source : Veterinary Partner).
- Apport énergétique maîtrisé : le volume de la ration est plus important à calories égales, ce qui contribue à la satiété.
- Appétence naturelle : très utile pour les animaux difficiles ou qui s’ennuient de leur alimentation sèche, sans ajouter de calories inutiles si elle est bien choisie.
Un point clé à garder en tête : si l’on fait le choix du 100% pâtée, il convient de sélectionner uniquement des aliments « complets » et non « complémentaires » (qui, seuls, risqueraient d’entraîner des carences).
Comment reconnaître une bonne pâtée pour animal stérilisé ?
1. Les critères nutritionnels à surveiller
- Calories modérées : Privilégier des pâtées autour de 60 à 90 kcal/100g pour le chat, 80 à 110 kcal/100g pour le chien de petite taille, en adaptant selon l’activité réelle. Les pâtées « light » ou « spécial stérilisé » ne se valent pas toutes : certaines limitées en graisses mais trop riches en glucides compensatoires peuvent être contre-productives (source : Petfood Industry, petfoodindustry.com).
- Protéines de qualité : L’apport doit rester élevé, idéalement 8 à 12g de protéines/100g pour le chat adulte, avec une préférence pour des protéines animales digestes (viandes, abats). Pour le chien, viser au moins 7g/100g.
- Moins de graisses mais pas zéro : Un taux de matières grasses réduit (autour de 3 à 5% pour les chats, 4 à 6% pour les chiens) préserve la palatabilité de la pâtée mais évite les excès caloriques. Exclure les pâtées très grasses ou contenant majoritairement des huiles peu qualitatives.
- Faible teneur en glucides : Les chats, surtout, digèrent difficilement l’amidon et les sucres. Privilégier les aliments où les céréales et pommes de terre sont absentes ou en quantité minime <5%.
- Soutien urinaire : Pour le chat en particulier, surveiller la teneur en minéraux (notamment le rapport calcium/phosphore et la quantité de magnésium, qui doit rester sous 0,1-0,15%).
2. L’étiquette à la loupe
Quelques repères pratiques pour choisir en rayon ou sur votre site préféré :
- La mention « aliment complet » : C’est la garantie que la pâtée peut couvrir tous les besoins quotidiens (vitamines, minéraux, taurine pour le chat, etc.).
- Une liste d’ingrédients claire et courte : Les sources de protéines animales doivent arriver en tête, nommées précisément (« poulet », « foie de dinde »…), éviter les appellations floues (« viandes », « sous-produits animaux » en premier ingrédients).
- Éviter les additifs inutiles : Colorants, arômes artificiels, sucres ajoutés (y compris « caramel »), ou encore trop de gélifiants. Ils n’ont aucun intérêt pour l’animal et peuvent masquer la faible qualité des matières premières.
- Présence de fibres modérées : Utile pour la satiété et le transit (environ 0,5 à 2,5%), mais attention à l’excès qui peut nuire à l’absorption des nutriments.
Un point souvent sous-estimé : le prix n’est pas toujours synonyme de qualité, mais la pâtée ultra-premium (souvent à plus de 7€/kg) mise en avant dans les réseaux spécialisés doit aussi justifier ses apports et sa transparence.
Exemples de bonnes pâtées pour les animaux stérilisés
Voici quelques références, sélectionnées selon les critères précédents (cette liste n’est pas exhaustive, mais donne un aperçu de l’offre fiable existante en 2024) :
Marque |
Espèce |
Teneur en protéines/100g |
Teneur en matières grasses/100g |
Teneur en calories/100g |
Points forts |
Animonda Integra Protect Renal |
Chat |
10,5g |
5,0g |
81 kcal |
Faible en phosphore, bon soutien urinaire, sans céréales |
Granatapet Sterilised |
Chat |
11,3g |
4,2g |
87 kcal |
Sans céréales, protéines animales en 1er, fibres douces |
Specific CRD-2 Weight Reduction |
Chien |
9,1g |
3,2g |
68 kcal |
Bonne digestibilité, favorise la sensation de satiété |
Hill’s Metabolic |
Chien |
8g |
4g |
88 kcal |
Approuvé en clinique, fibres favorisant la satiété, vendu chez les vétérinaires |
NB : Cette sélection met en avant des produits explicitement formulés pour les animaux stérilisés ou en gestion de poids, adaptés à une utilisation au quotidien et pour des animaux en bonne santé générale. N’hésitez pas à vous appuyer sur l’avis de votre vétérinaire, surtout en cas d’antécédents médicaux.
Pâtée pour stérilisés : erreurs à éviter
- Confondre « light » et « stérilisé » : Les pâtées allégées conviennent parfois, mais certaines ne prennent pas en compte le besoin augmenté en protéines ou la prévention urinaire.
- Donner des compléments non adaptés : Les pâtées « complémentaires » (souvent en boîte ou en sachet très appétissants, mais incomplets) sont à exclure des rations principales sauf avis vétérinaire.
- Négliger la variété : Proposer différents parfums/sources de protéines permet de limiter l’ennui alimentaire et d’éviter les intolérances sur le long terme.
- Sous-doser ou sur-doser : Se fier au poids idéal (et non au poids actuel si l’animal est en surpoids) pour les quantités. Utiliser une balance de cuisine évite les erreurs d’évaluation parfois importantes à l’œil nu.
- Ne pas associer la pâtée à de l’activité : La meilleure pâtée, seule, ne suffit pas si l’activité physique et le jeu ne sont pas au rendez-vous, notamment chez le chat d’intérieur ou le chien peu actif.
Autres points à surveiller selon l’âge et l’état de santé
Chez le chat ou le chien senior stérilisé, il peut être pertinent de privilégier des pâtées « mature » ou « senior » tant pour adapter les apports en protéines (parfois plus élevés, mais aussi plus digestes) que pour soutenir des fonctions spécifiques (mobilité, santé rénale). Idem, pour les animaux souffrant de problèmes urinaires récurrents, une pâtée enrichie en L-carnitine ou encore en oméga 3 peut s’avérer utile (source : Science Direct).
Un conseil récurrent des vétérinaires est d’éviter le « tout industriel » pour les animaux à pathologie : la cuisson maison ou la ration mixte (pâtée et ration ménagère) peut alors s’intégrer, toujours sous supervision spécialisée pour éviter les déséquilibres.
Résumé : nourrir son compagnon stérilisé en confiance
Une pâtée bien choisie est un vrai atout : elle protège la santé, aide à préserver la silhouette et offre un plaisir gustatif sans compromis. L’essentiel ? Miser sur une formule complète, prioriser les protéines animales, un taux de matières grasses modéré, peu de glucides et une bonne hydratation. N’hésitez pas à varier les marques, à surveiller le poids de votre animal tous les mois, et à ajuster en fonction de son évolution et de son activité.
S’informer régulièrement auprès de son vétérinaire ou d’une équipe spécialisée permet d’anticiper les changements de besoin tout au long de la vie de votre compagnon stérilisé. Une démarche qui favorise une relation durable, respectueuse… et gourmande.