Digestion difficile : pourquoi certaines pâtées ne conviennent pas à tous les animaux ?

Introduction : La pâtée, un aliment parfois mal digéré

La pâtée est souvent perçue comme une option gourmande et appétente pour nos chiens et chats. Pourtant, elle peut parfois provoquer des troubles digestifs : diarrhées, vomissements, ballonnements, flatulences ou selles molles. Ces désagréments soulèvent une question que se posent de nombreux propriétaires : pourquoi certains animaux tolèrent-ils mal certaines pâtées ? Les causes sont variées, allant des ingrédients utilisés à la façon dont les aliments sont traités ou introduits dans l’alimentation. Comprendre l’origine de ces troubles est essentiel pour mieux choisir l’alimentation de son animal et préserver son confort digestif au quotidien.

Les troubles digestifs liés à la pâtée : quels signes observer ?

  • Diarrhée aiguë ou chronique : selles liquides et fréquentes, parfois nauséabondes.
  • Vomissements : apparition peu après les repas, voire plusieurs heures après.
  • Ballonnements et flatulences : ventre gonflé, gaz, parfois bruyants ou odorants.
  • Selles molles ou glaireuses : consistance inhabituelle, présence de mucus.
  • Refus de manger ou signe d’inconfort : animal qui boude sa pâtée, se gratte ou se lèche intensément l’arrière-train.

Selon une enquête vétérinaire menée par l’AFVAC en 2022, près de 38% des consultations de routine pour chats ou chiens concernent au moins un épisode digestif attribué à l’alimentation (source : AFVAC).

Des compositions variables : tous les ingrédients ne se valent pas

Un simple coup d’œil aux étiquettes montre que toutes les pâtées ne se ressemblent pas. Plusieurs éléments de la recette influencent la tolérance digestive et la qualité finale :

Les protéines animales : leur qualité fait la différence

  • Sous-produits animaux : ce terme regroupe abats, carcasses et parties moins nobles. Certaines pâtées en contiennent une forte proportion, or leur digestibilité est plus faible qu’un muscle frais ou une viande de qualité.
  • Qualité des viandes : une proportion élevée de protéines animales identifiées ("poulet," "saumon," etc.) garantit en général une meilleure assimilation et donc moins de troubles digestifs (source : Petfood Industry).

Les additifs et conservateurs : un impact non négligeable

  • Épaississants, gélifiants, colorants : certains agents de texture, comme la carraghénane ou certains gommes (guar, xanthane), sont suspectés d’être pro-inflammatoires ou irritants pour la muqueuse digestive, en particulier chez les chats sensibles (source : Journal of Feline Medicine and Surgery).
  • Conservateurs et antioxydants : Certains conservateurs comme le BHA/BHT, désormais rares, sont évités par l’industrie mais encore présents dans quelques marques à bas coût, potentiellement allergisants ou irritants.

La teneur en fibres et en glucides : un équilibre délicat

  • Excès de fibres : une pâtée trop riche en fibres peut accélérer le transit et donner des selles molles ou volumineuses. À l’inverse, un déficit favorise la constipation ou un inconfort.
  • Présence de céréales ou légumineuses : l’intégration de maïs, blé, pois ou soja est parfois mal tolérée, surtout chez les carnivores stricts comme le chat (source : National Research Council).

L’intestin des chiens et chats : une sensibilité marquée

L’appareil digestif de nos compagnons n’est pas fait pour gérer le même type de protéines et de glucides que l’humain. Un chien adulte digère généralement mieux certaines céréales que le chat, qui demeure un carnivore strict. Le chat, par exemple, possède naturellement une capacité limitée à digérer l’amidon ; un taux supérieur à 5-10% de glucides assimilables dans son alimentation augmente le risque de diarrhée chronique lui (source : The Veterinary Record, 2020).

Par ailleurs, les allergies et intolérances ne sont pas rares. On estime que 10 à 15% des animaux souffrant de troubles digestifs chroniques présentent en réalité une réaction d’hypersensibilité à un ou plusieurs composants de leur pâtée (source : Lafeber Vet).

Transition alimentaire : un facteur sous-estimé

  • Changement brutal : La flore intestinale de l’animal s’adapte à son régime. Passer d’une croquette sèche à une pâtée humide, ou changer subitement de marque, peut perturber les équilibres digestifs durant plusieurs jours.
  • Durée idéale : Les vétérinaires recommandent une transition alimentaire sur au moins 7 à 10 jours, en mélangeant progressivement l’ancien et le nouvel aliment (source : American Kennel Club).
  • Surcroît de gourmandise : Certains animaux, petits chiens ou chats âgés notamment, ont tendance à manger très vite ou en trop grande quantité lors d’un changement, ce qui peut accroître le risque de troubles.

Des besoins individuels : chaque animal réagit à sa façon

Certains chats tolèrent parfaitement une pâtée riche en poisson ; d’autres vont développer rapidement des selles molles. Il en va de même pour les chiots ou seniors, dont la flore intestinale et la capacité d’absorption varient. Il existe également des pathologies digestives chroniques — colites, insuffisances pancréatiques, MICI — qui rendent certains chiens et chats hypersensibles à la moindre modification alimentaire.

Une enquête Ifop pour la FACCO (2023) rapporte que 27% des propriétaires de chiens et 19% de ceux de chats ont déjà constaté des troubles digestifs récurrents liés au choix de la pâtée, rendant le parcours d’achat complexe et anxiogène.

Astuces pour bien choisir une pâtée et limiter les troubles digestifs

  1. Lire attentivement les étiquettes : Privilégier une liste d’ingrédients claire, peu transformée. Éviter les appellations vagues ("sous-produits animaux", "céréales"), préférer des protéines animales identifiées.
  2. Tester en petite quantité : Introduire toute nouveauté alimentaire par étape, sur au moins 7 jours, en surveillant l’aspect des selles.
  3. Choisir une marque transparente : Les fabricants qui communiquent ouvertement sur la provenance de leurs ingrédients et la composition complète offrent en général plus de sécurité digestif.
  4. Attention aux promotions : Les pâtées à prix cassés sont souvent hyper-transformées, avec beaucoup d’additifs ou de sous-produits d’origine inconnue. Elles sont de fait plus risquées pour la digestion.
  5. Demander conseil à un vétérinaire : Surtout si l’animal présente des pathologies récurrentes ou s’il s’agit d’un chaton, chiot, senior ou animal fragile.

Quid des "pâtées vétérinaires" et des aliments gastro-intestinaux ?

Certaines pâtées, vendues chez le vétérinaire ou en animalerie spécialisée, sont formulées pour les animaux souffrant de troubles digestifs chroniques ou après une maladie. Elles utilisent des protéines hautement digestibles, des glucides faciles à assimiler, et un taux précis de fibres.

  • Formules hydrolysées : Les protéines y sont "découpées" en particules minuscules pour éviter les réactions allergiques – une référence en cas d’intolérance avérée (source : Royal Canin Veterinary Diets).
  • Prébiotiques et probiotiques : Certains aliments intègrent des souches spécifiques (FOS, MOS, Enterococcus faecium) soutenant la flore intestinale, très utiles en post-antibiothérapie ou après un changement de régime.

Ces pièges alimentaires qui passent inaperçus

  • Pâtées multi-saveurs ou "festins" : Les mélanges trop complexes multiplient les risques de réactions digestives, surtout chez les chats sensibles.
  • Ajout de "friandises" dans la pâtée : Surdosage en charcuterie, lait, poissons gras… Une surenchère d’appétence prolonge le calvaire digestif.
  • Gamelles mal lavées : Des résidus d’anciennes pâtées fermentent et facilitent l’apparition de bactéries, pouvant générer diarrhées ou vomissements.

Décrypter une étiquette : le mode d’emploi rapide

  • Protéines : devraient figurer en premier dans la liste. Privilégier "poulet", "canard", "bœuf", etc., plutôt que "viandes et sous-produits".
  • Céréales/glucides : s’ils apparaissent en bonne place, soyez vigilant surtout pour les chats.
  • Épaississants ou additifs : moins il y en a, mieux c’est. Méfiez-vous des formules avec carraghénane, caroube, ou "arômes artificiels".
  • Analyse nutritionnelle : assurez-vous que la teneur en protéines est adaptée à l’espèce et à l’âge de l’animal (par exemple, 8 à 10% minimum pour un chat adulte en humide selon la FEDIAF).

Échanger, comparer, adapter : préserver le bien-être digestif au quotidien

Le choix de la pâtée repose sur une combinaison de paramètres : composition, marque, tolérance individuelle, fréquence d’introduction et surveillance assidue des réactions de l’animal. Les propriétaires bénéficient aujourd'hui de forums, de retours d’autres maîtres et des conseils vétérinaires pour affiner leur sélection.

En gardant en tête l'importance d’une alimentation de qualité, de la lecture critique des étiquettes et de l’adaptation régulière à l’état de santé et aux envies de leur compagnon, il est tout à fait possible de limiter les troubles digestifs liés à la pâtée et de profiter sereinement de l’humide dans leur alimentation quotidienne.

Pour aller plus loin, inutile d’hésiter à faire des essais, à solliciter un avis vétérinaire lors de toute inquiétude, et à noter les habitudes de son animal. Car chaque compagnon mérite une digestion tranquille, un confort optimal… et le plaisir renouvelé d’un bon repas !