Déchiffrer les étiquettes des croquettes : le guide pour bien nourrir chiens et chats

Pourquoi il est essentiel de bien lire l’étiquette de nourriture animale ?

Quand on arpente les rayons d’alimentation pour animaux, ou que l’on navigue sur une boutique en ligne, difficile d’ignorer la multitude de références, de promesses, et de recettes parfois très attractives : « riche en viande », « ingrédients naturels », « sans céréales », etc. Derrière ces mentions, la clé pour réellement choisir ce qui convient à son compagnon, c’est la lecture attentive de l’étiquette, souvent bien plus révélatrice que le marketing. Un choix éclairé est loin d’être anodin : l’alimentation joue un rôle central sur la santé, la vitalité, le poids, la digestion, la beauté du poil, et même l’espérance de vie des chiens et des chats (source : ANSES).

Or, de nombreux propriétaires se sentent un peu démunis devant ce qui ressemble parfois à une liste d’ingrédients incompréhensible, assortie de pourcentages et de termes techniques. Décoder une étiquette permet pourtant d’éviter certains pièges, de détecter les bonnes (ou moins bonnes) compositions, et d’adapter le choix selon les besoins de l’animal.

Les obligations légales : ce que la loi impose sur les étiquettes alimentaires pour chiens et chats

En Europe, l’étiquetage des aliments pour animaux de compagnie est strictement encadré par le Règlement (CE) n°767/2009 et l’arrêté du 19 avril 2011 en France. Chaque étiquette doit obligatoirement mentionner :

  • La composition : liste des ingrédients (dans l’ordre décroissant de poids)
  • La composition analytique : données quantitatives (protéines, matières grasses, cellulose, cendres, humidité pour certains aliments)
  • Les additifs ajoutés (vitamines, minéraux, conservateurs, antioxydants)
  • Le mode d’emploi ou ration journalière conseillée
  • Les coordonnées du fabricant ou distributeur

Certains fabricants ajoutent aussi une garantie nutritionnelle ou une liste « descriptives » pour mettre en avant les points forts des recettes, mais cela reste optionnel. Plusieurs termes comme « saveur », « à la viande », « complet », ou « digest » sont également codifiés et nécessitent un certain pourcentage d’ingrédient principal (source : Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes).

Décrypter la composition : bien comprendre chaque ingrédient

L’ingrédient principal arrive toujours en tête dans la liste. Mais attention : la mention peut être vague (« viandes et sous-produits animaux ») ou précise (« filet de poulet déshydraté 30% »). Voici les points à considérer pour évaluer la qualité des ingrédients :

  • Précision des ingrédients : Plus c’est précis (ex : « poulet frais 25%, riz 20% »), mieux c’est, car cela limite les formules génériques sources de variabilité de la qualité.
  • Ordre des composants : Le premier ingrédient est celui qui est présent en plus grande quantité. Privilégiez les croquettes où la viande ou le poisson apparaît en tête, surtout pour les chats, dont le régime naturel est majoritairement carné.
  • Différence « frais » vs « déshydraté » : La viande fraîche contient environ 70-80% d’eau, alors que la viande déshydratée représente une meilleure concentration en nutriments (ex : 20% de poulet frais n’équivalent pas à 20% de poulet déshydraté).
  • Sous-produits animaux : Ils désignent toutes les parties de l’animal abattues, non utilisées pour la consommation humaine. Les sous-produits animaux de qualité sont comestibles et peuvent contenir des organes digestibles et nutritifs (abats, cœur, foie…), mais leur qualité varie beaucoup selon l’origine. Méfiez-vous des compositions peu explicites.
  • Présentation des céréales et végétaux : Le « fractionnement » des ingrédients peut tromper sur la réelle proportion de céréales dans la recette. Par exemple : « maïs, riz, blé, amidon de maïs » peut désigner au total un fort apport en glucides, alors que chaque ingrédient apparaît séparément.

À noter : Un chien adulte a besoin, selon la FEDIAF, d’un taux minimum de 18% de protéines brutes (chien) et 26% pour un chat, mais la qualité (digestibilité) de ces protéines est souvent plus importante que le chiffre affiché.

La composition analytique : comment l’interpréter ?

C’est ici que figurent les pourcentages clés :

  • Protéines brutes : Indiquent la part protéique totale, sans distinction animale ou végétale. Des croquettes à 28-32% pour un chat adulte stérilisé, et 22-30% pour un chien adulte, sont généralement de bons repères (hors besoins particuliers).
  • Matières grasses brutes : Contribuent à l’énergie, la palatabilité et la santé du poil. Chat : 9-20%, Chien : 8-18%. Attention à ne pas opter pour des taux trop faibles : ils peuvent nuire à la vitalité et à la satiété.
  • Glucides : Rarement affichés (car non obligatoires), mais estimables par soustraction : 100 – (protéines + graisses + fibres + cendres + humidité). Recherchez des croquettes sous 30-35% pour les chats, qui digèrent moins bien les glucides que les chiens.
  • Cellulose brute (fibres) : Indispensable à une bonne digestion. Chat : 1,5-8%, Chien : 2-5%. Un taux trop élevé peut réduire la digestibilité.
  • Cendres brutes : Indicateur de minéraux totaux. Plus de 9-10% peut, chez certains animaux, présenter un risque d’excédent minéral (potentiellement nuisible pour la santé urinaire du chat).

Sur certaines étiquettes, vous trouverez l’humidité (pour les pâtées), rarement pour les croquettes. Plus le taux d’humidité est bas, plus le produit est dense en calories.

  • Le taux de calcium et phosphore : important chez le jeune en croissance et le chat adulte stérilisé. Environ 1 à 1,5% de calcium, un rapport calcium/phosphore autour de 1/1 à 1,3/1 est conseillé (source : FEDIAF Nutritional Guidelines).

Les additifs, conservateurs et autres mentions à surveiller

Vitamines, minéraux, antioxydants, colorants, exhausteurs de goût… La mention « avec antioxydants » doit être précisée si ceux-ci ne sont pas d’origine naturelle (ex : BHA, BHT, sulfites). Des additifs naturels comme la vitamine E ou l’extrait de romarin sont préférés par beaucoup de propriétaires, mais leur efficacité de conservation est souvent moindre, d’où une DLUO plus courte (source : Que Choisir).

Soyez attentif aux noms complexes ou acronymes : ils ne sont pas forcément nocifs, mais il peut être utile de rechercher leur utilité réelle.

Reconnaître les mentions marketing les plus courantes… et ce qu’elles cachent vraiment

  • Riche en viande/poisson : signifie en réglementation « minimum 14% » (sur croquettes), parfois moins que ce que la gamme laisse entendre !
  • Sans céréales : gage d’une absence de blé, riz, maïs, mais ces croquettes contiennent souvent des légumineuses (pois, lentilles), parfois tout aussi riches en amidon.
  • Hypoallergénique : non réglementé. Généralement sans protéines de bœuf, blé, lait, mais chaque marque y va de sa propre définition.
  • Natural/holistic/premium : aucun cadre légal ni nutritionnel : ce sont des arguments purement marketing.

Conseils pratiques pour choisir en fonction du profil de son animal

  • Chatonne ou chiot : besoins plus élevés en protéines, matières grasses et calcium/phosphore.
  • Animal stérilisé : privilégier un taux modéré en matières grasses, attention à l’apport en minéraux (surtout pour les chats, pour éviter les problèmes urinaires).
  • Chien sportif : besoins énergétiques augmentés, taux de protéines et de graisses plus élevés.
  • Animal sensible/allergique : opter pour des compositions courtes, sans colorants ni additifs artificiels, et avec une protéine source unique pour identifier plus facilement les intolérances.

Petit rappel : variez l’alimentation progressivement, sur plusieurs jours, afin de limiter les troubles digestifs.

Outils et astuces pour comparer facilement plusieurs marques

  1. Comparer le pourcentage réel d’ingrédients animaux. Ne vous fiez pas seulement à l’ordre, mais cherchez la mention « ingrédients d’origine animale déshydratés » ou « protéines animales » mises en avant. Certaines marques précisent le pourcentage total (ex : « 65% d’ingrédients animaux »).
  2. Estimer le niveau de glucides. Le taux n’est presque jamais affiché : faites le calcul de soustraction ci-dessus et surveillez que la part glucidique reste raisonnable.
  3. Regardez la durée de conservation. Un produit avec additifs artificiels se conserve parfois 18-24 mois, contre 9-12 mois pour des produits plus naturels.
  4. Vérifiez la provenance et la transparence du fabricant. Les marques qui détaillent leur approvisionnement ou la traçabilité de leurs matières premières transmettent souvent plus de confiance.
  5. Fiez-vous à l’analyse nutritionnelle et non aux visuels : une croquette « aux légumes du soleil » peut contenir moins de 2% de légumes.

N’hésitez pas à photographier les étiquettes en magasin pour comparer à tête reposée, ou utiliser des sites comme Open Food Facts ou Petfood Industry pour accéder à des compositions détaillées.

Pour aller plus loin : se fier… mais sans obsession, et demander conseil

Lire une étiquette reste un outil précieux pour éviter les pièges et adopter une alimentation adaptée. Mais n’oublions pas : chaque animal est unique, et la meilleure croquette sera aussi celle qui convient concrètement à votre compagnon, selon ses goûts, son âge, son activité et ses éventuelles fragilités de santé. Un aliment affichant une belle composition mais mal digéré ou peu apprécié n’a aucun intérêt, tout comme un produit attractif mais carencé ou déséquilibré à long terme.

En cas de doute, l’avis d’un vétérinaire ou d’un professionnel en nutrition animale demeure le meilleur allié. Et pour celles et ceux désireux d’approfondir la question, la FEDIAF (Fédération Européenne de l’Industrie des Aliments pour Animaux Familiers) publie régulièrement des guidelines détaillées sur les apports nutritionnels recommandés.

Prendre le temps de lire, de comparer, puis d'observer la forme et la vitalité de votre animal reste la clef pour un choix avisé, à renouveler à chaque grande étape de sa vie. Le bien-être passe aussi par la gamelle !